RÉSUMÉ
Le 7 février 2020, le président Emmanuel Macron a prononcé un discours sur la dissuasion.
Les éléments fondamentaux de la doctrine n’ont pas changé. Cependant,
deux points qui constituent des éléments habituels de la politique nucléaire font l’objet
d’une inflexion, tout au moins au niveau de la communication de nature politique.
D’une part, la dimension européenne est marquée par une invitation concrète
d’association des partenaires qui le souhaitent aux exercices dans le domaine de la
dissuasion. D’autre part, l’articulation conventionnel/nucléaire est explicitée. Un lien
est fait au niveau politique, sans qu’un continuum soit créé. La rupture sur l’emploi
reste absolue. De manière générale, ce discours revêt bien évidemment la dimension
politique attendue, mais il semble prétendre à davantage. Le président de la
République propose un agenda de désarmement qui s’inscrit dans une perspective
réaliste prenant en compte les données du contexte international. Il développe aussi
une réflexion éthique sur l’arme nucléaire dessinant une voie équilibrée entre « un
absolu moral sans lien avec les réalités stratégiques » et « un retour cynique au seul
rapport de forces sans le droit ».